The Death of the Authors, 1945: La voix collective d’Anne Frank

En 1945, Anne Frank perd la vie à seulement quinze ans dans le camp de concentration de Bergen-Belsen. Dès le 1er janvier 2016, son journal aurait donc dû entrer dans le domaine public or cette entrée a fait l’objet de nombreuses discussions. En effet, la Fondation Anne Frank mise en place par Otto Frank, le père d’Anne, gère les droits de vente du journal le plus connu au monde. Une part de ces bénéfices est régulièrement versée à diverses organisations caritatives. Selon la Fondation, l’œuvre d’Anne Frank serait encore protégée par le droit d’auteur jusqu’au 1er janvier 2051.

Le journal, tel qu’on le connaît aujourd’hui et publié pour la première fois en en 1947 en néerlandais sous le titre Het Achterhuis (la maison annexe), est une compilation réalisée par le père d’Anne, Otto Frank. Celui-ci a copié et collé des fragments des deux manuscrits originaux, et il aurait aussi réécrit des passages dans son propre style. Le journal d’Anne Frank serait donc une œuvre dérivée, et son père le co-auteur du journal. Le droit d’auteur expirant 70 ans après la mort de l’auteur - Otto Frank est décédé en 1980 - le journal n’entrerait donc dans le domaine public qu’en 2051. Aux Pays-Bas et en Belgique les fragments originaux du journal écrit par Anne Frank sont entrés dans le domaine public. La question qui se pose est : les fragments remaniés par Otto Frank sont-ils des interventions artistiques ?

En tant qu’expérimentation, mais aussi comme exemple de la complexité qui est souvent cachée derrière la notion de « Â domaine public », nous vous proposons de libérer le journal d’Anne Frank, phrase par phrase. Vous êtes donc invité(e)s à prêter votre voix à l’une ou plusieurs phrases. Ces versions lues à haute voix, dans un ordre aléatoire, seront disponibles en ligne.

Votre lecture contribuera ainsi à la construction de la voix collective d’Anne Frank, un appel à la paix, la tolérance et l’inclusion dans le monde. De plus, les enregistrements seront transmises vers des logiciels libres de reconnaissance vocale néerlandophone en pénurie d’enregistrements, tel que Voxforge.

Le jour où le journal entrera entièrement dans le domaine public, non seulement le texte écrit sera disponible librement, mais également ce livre audio collectif via un site comme LibriVox. Cette promesse sera stipulée dans le testament des deux auteurs, Stéphanie Vilayphiou et An Mertens.

Références :
https://www.charlotteslaw.nl/2015/11/hoe-zit-dat-nou-auteursrecht-op-dagboek-anne-frank/
https://uitspraken.rechtspraak.nl/inziendocument?id=ECLI:NL:RBAMS:2015:9312
http://boingboing.net/2016/01/02/anne-franks-diary-is-in-the.html
http://www.theverge.com/2016/1/1/10698254/anne-frank-diary-free-download-copyright-dispute